En notre cœur
Est un jardin discret, intime,
Livré à notre liberté.
Il est merveille ou désastre
Selon nos aventures et nos humeurs.
Un temps,
Plus vaste que la mer sans frontières,
Il est océan sans tempête.
Je franchis les clôtures,
Je parcours les rues,
Les métros et les bus,
Je regarde ceux que je croise.
Stupeur.
Ils sont autre part.
Heureux ou sans espoir,
Ils ont largué les amarres.
Se rendent-ils compte
Qu’en se couvrant
De toutes sortes de masques
Qui protègent, cloisonnent,
Se rendent-ils compte
Qu’ils peuvent effacer
Toute leur humanité.
Tornades,
Tremblements de terre
Envahissent mon jardin
Je n’entends ni ne vois plus rien.
Le néant.
Un enfermement.
Une nuit,
La violence a rebroussé chemin,
La peur a pris la clef des champs.
A l’aube,
Tous les sentiers étaient ouverts.
Là-bas, sous l’arbre et l’herbe fragile,
Une eau vive s’écoule,
Souterraine.
Je ne l’ai jamais vue,
Mais je crois qu’elle est là.
Jacqueline Casaubon