Catégorie : L’édito de Jean-François Petit

POUR UN RETOUR RÉSOLU AU PRINCIPE DE PRÉCAUTION
La recherche des moyens pour ne plus nous retrouver dans pareille crise sanitaire a réactivé les débats sur le fameux « principe de précaution ». Né en Allemagne dans les années 1970, son destin est emblématique d’une relégation dangereuse dans l’opinion publique, des errements du politique et de choix sanitaires irresponsables et dictés par l’économique.

Ce que les spécialistes du coronavirus ne savent pas
Epidémiologistes, biologistes, virologues, infectiologues se relayent à notre chevet. Nous serions quasiment prêts à leur confier la connaissance objective de la destinée humaine. Cette croyance subsiste au milieu de la désaffection vis-à-vis de toutes les autres formes de croyance et de beaucoup de valeurs.

EDGAR MORIN, L’ORACLE BIENFAISANT
Il fallait s’attendre à ce qu’Edgar Morin soit sollicité. A 99 ans, il reste l’un de nos intellectuels les plus brillants. En quelques phrases, il aura eu vite fait de résumer la situation : nous ne sommes pas sûrs de l’origine du virus, de ses mutations, de sa dangerosité à venir ; nous ne savons pas jusqu’à quand le confinement sera nécessaire ; nous ne connaissons pas l’impact économique et politique des restrictions (Le Monde, 19-20 avril).

UN SENS INEDIT DU RAMADAN
Depuis plus d’une semaine, les musulmans ont commencé le Ramadan. Dans leur livre classique sur l’Islam, Mohamed Arkoun et Louis Gardet regrettaient la quasi-absence d’une sociologie de la pratique religieuse musulmane (L’Islam, hier-demain, Buchet-Chastel, 1978) : Qui pratique ? Quelle est la hiérarchie des actes pour les fidèles ? Qu’est-ce qui s’exprime dans chacun des actes cultuels ?

DES PRISES DE CONSCIENCE HEUREUSES
Depuis plusieurs jours, « l’incertitude » est au cœur de tous les discours. Devant l’imprévisibilité de l’évolution de l’épidémie, la technoscience et la politique se trouvent contraintes d’adopter un « profil bas » La première a perdu de sa superbe. La seconde y justifie ses contorsions.

DEVANT L’INCERTITUDE, NOMMER LES PEURS
Les dernières annonces du gouvernement ne sont guère de nature à rassurer. Certes, la crise engendrée par l’épidémie doit être affrontée. Mais, à la peur de renvoyer ses enfants à l’école, de retourner au travail, s’ajoutent celle d’une reprise du covid 19, d’une solitude renforcée par un confinement prolongé ou d’un échec sanitaire et politique !

SE RASSEMBLER A NOUVEAU
Les tergiversations sur les modalités de rassemblement après le déconfinement vont bon train. Le débat ne se situe pas seulement entre les « girondins », favorables à plus d’autonomie régionale et les « jacobins », attachés au respect de l’État central. Il concerne aussi les Églises et le respect de la liberté de culte.

BRISER LES SOLITUDES
« La plus grande des pauvretés, c’est de n’exister pour personne ». Cette citation de Mère Teresa résume parfaitement la situation actuelle. Elle avait aussi été dénoncée par le pape Benoit XVI « L’une des pauvretés plus profondes que l’homme puisse expérimenter est la solitude » (Caritas in veritate, §53). Cependant…

EN FINIR AVEC LE SYSTÈME CARCÉRAL
A juste titre, on s’est ému du sort des prisonniers soumis à l’épidémie. Des mutineries sporadiques en mars dernier avaient donné lieu à des inquiétudes. Le calme revenu, la question des prisons disparaît une fois de plus des radars. Pourtant, le test le plus sûr d’un régime politique, c’est la manière dont il s’occupe des prisons.

LES APPRENTIS SORCIERS
L’hypothèse la plus avancée pour l’origine de l’épidémie est la transmission du virus par un contact entre chauves-souris, pangolins et humains lors d’un trafic d’animaux pendant un marché en Chine. Mais cette chaine de transmission funeste a eu le mérite d’attirer notre attention sur une autre réalité.

PASSER PAR LE FEU
Il arrive que les croyants soient éprouvés dans leurs convictions les plus intimes. C’est bien le cas aujourd’hui. C’est un fait connu dans toutes les traditions religieuses. Ces épreuves ne sont jamais prévues, programmées. Saint Jean de la Croix parle d’être « jeté dans le silence comme dans un trou ».

VENDREDI SAINT. AU CHEVET DE L’HUMANITÉ BLESSÉE
Dans l’épidémie actuelle, soignants et agents pastoraux se retrouvent à œuvrer ensemble. Réjouissons-nous ! Ils cherchent des réponses les plus justes face à toutes les détresses. Une solidarité existentielle les pousse à agir ensemble. Ils ont mis aussi parfois en sourdine leurs rivalités. Personne ne s’en plaindra.

DISCRÈTE ESPÉRANCE
À l’approche de Pâques, malgré une courbe des décès encore trop forte, la France est repartie dans une discrète espérance. Et reviennent en mémoire les mots de Charles Péguy : « Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’espérance. Et je n’en reviens pas. Cette petite espérance qui n’a l’air de rien du tout. Cette petite fille espérance. Immortelle » (« Le Porche du mystère de la 2e vertu »). La chronique de Jean-François Petit

PRIER DANS L’ÉPIDÉMIE ?
« Cette crise peut nous rapprocher ou achever de nous séparer ». L’avertissement du député européen François-Xavier Bellamy est sans appel (La Croix, 7 avril). Sa mise en garde contre la possibilité d’une « lutte des classes face au virus » a le mérite de la clarté. Elle fait preuve d’un vrai courage politique dans le camp des Républicains.

SÉPARÉS, MAIS SOLIDAIRES
Cette Semaine Sainte marquera sans doute pour longtemps les esprits. Toutes les grandes religions s’apprêtent à célébrer leurs fêtes dans un strict confinement. Image stupéfiante du pape François seul pour les Rameaux, qui le sera aussi pour Pâques ! Que reste-t-il alors de public, sinon des gestes d’entraide ?

L’Église catholique et les médias à l’épreuve du conavirus
Emporté par le coronavirus, le journaliste laïc Henri Tincq – chroniqueur religieux à « La Croix » puis au « Monde – a longtemps été considéré comme le “111e évêque” français. Attentif aux mouvements postconciliaires, il a largement contribué à façonner l’opinion publique. Cette chronique lui rend hommage.