Un week-end régional avec des aumôniers de prison, une telle demande d’accompagnement doit être prise au sérieux ! Le thème : la relecture de vie. On le sait, la parole en prison est encadrée, inhibée, travestie, stéréotypée. Faute de « savoir » parler, certains cognent. Mais cette parole est aussi traversée par une espérance, une liberté folle. « Qu’est ce que tu viens faire avec nous ? » demande un taulard dans sa cellule à son aumônier. « Rien, juste un peu causer » répond l’autre. À ce même aumônier, un surveillant demande : « Où est-il là-dedans votre Dieu, mon père ? »
Pas de réponse trop sure d’elle-même à donner, qui bloquerait un chemin de rencontre. Un chemin, oui car « le chemin, la vérité, la vie », c’est parfois vite conclu, comme une sorte de « court circuit » théologique ou spirituel.
Comme le dit très bien le philosophe Jacques Rancière, les prisonniers ont eux aussi des théories sur la prison. On n’a pas à leur apporter la science de l’extérieur.
Du coup, la relecture de vie prend une tout autre coloration. Il ne s’agit pas d’utiliser l’Évangile comme un code moral, mais d’en faire une puissance de vie. Ce discours-là ne peut s’imposer à d’autres pour les faire taire. Dans les groupes bibliques, les gens le lisent, le commentent, s’y agrippent, en sortent, sans forcément vouloir des repères admissibles par tous, sans chercher à biaiser. Leur expérience entre en résonance. L’Évangile les conduit parfois aussi où ils ne voulaient pas aller. Il ne s’agit donc plus de « libérer » la parole des prisonniers, mais bien d’entrer en alliance, en lutte parfois aussi avec elle. Le problème est moins celui du pouvoir, comme Foucault le pensait, que de l’irruption de la nouveauté, de l’inattendu, de l’inespéré, dans les temporalités et procédures carcérales.
Un exemple ? regardez le « carême dans la ville » fait par les prisonniers sur le web des dominicains de Lille : cela peut être un bon effort de Carême
Chapeau et merci les aumôniers-e-s !

Témoignages. Paroles de lutrin
Chaque semaine, la phrase du lutrin est choisie par l'équipe de préparation de la célébration. Elle sert de fil rouge à ce qui est célébré en fonction des textes du jour mais surtout, elle est offerte aux passants et visiteurs de l'église. Calligraphiées par Mireille Berbonde