Aïe aïe, je le sens, ça va arriver : la fin d’homélie va annoncer un « 6×6». Qu’est-ce que je fais ? Je ne connais personne autour de moi, j’ai juste salué vaguement au début de la célébration. Au secours ! M’éclipser discrètement ? Aller m’asseoir dans un coin ? Je suis affreusement gêné.
Ça y est, on bouge les chaises et ça commence par un silence. On tortille entre ses mains le papier sur lequel il y a LA question. Qu’est-ce que je vais pouvoir dire d’intéressant ?
1ère piste: mes conviction, mon point de vue, mes croyances. Peu de risques : on ne va pas entamer une polémique en plein moment fraternel. On écoutera donc respectueusement le point de vue de l’autre, sans polémiquer.
2ème piste : l’expérience de vie. Mais moi, je n’arrive pas à démarrer comme ça une confidence ou un témoignage ! Non pas que je craigne d’être jugé, je redoute seulement de ne pas être compris. C’est si court !
Le vide m’envahit, au secours ! Lâchement, je me tais en attendant que quelqu’un parle. Oh ! Il suffit d’attendre ! Le silence est tellement difficile à supporter qu’il y aura bien quelqu’un qui se lancera. Voilà, ça y est, qu’est-ce que je vous disais ? On écoute… Et moi ? Panique ! Je creuse ma tête, je prie l’Esprit-Saint. Rester sans rien dire pendant 6 minutes, ce ne serait pas fraternel…
Et puis tout d’un coup, un peu avant la fin, je me lance. On me regarde, on m’écoute…
Voilà, les 6 minutes sont finies. Mais qu’est-ce qui me prend ? Me voilà tout content.
Miracle !

Joseph, Marcel, François et les autres : la foi qui vient
Le christianisme peut-il être considéré comme « la religion de la sortie de la religion » ? L’œuvre théologique de Joseph Moingt rejoint celle du philosophe et historien Marcel Gauchet pour qui la foi chrétienne instaure un rapport nouveau entre l’homme et Dieu, favorisant l’émergence d’un sujet responsable de ses actes. Dieu ne serait plus le Dieu des religions, mais le « Dieu qui vient » et qui nous précède en humanité. La chronique de Jean-Claude Thomas